Les 8 livres proposés par nos partenaires pour l’année scolaire 2025 / 2026
- François Dubet et Najat Vallaud-Belkacem, Le Ghetto scolaire, Pour en finir avec le séparatisme, Seuil, La République des idées, 2024.

Depuis vingt ans, les enquêtes internationales se succèdent : notre système éducatif est de ceux où les parcours scolaires sont le plus fortement déterminés par le milieu social. La France a laissé se développer des établissements-ghettos où l’on ne se mélange plus, où l’on empêche les enfants d’apprendre les uns des autres et les uns avec les autres. Parce que la ségrégation est devenue le fléau de l’école, nous avons besoin d’une révolution de la mixité. Preuves à l’appui, fort des expériences réussies, ce livre démontre que cette révolution est possible, à peu de frais et avec des résultats tangibles. Il est urgent de réinventer l’école contre les séparatismes sociaux qui la détruisent.
- Mélanie Plouviez, L’injustice en héritage, Repenser la transmission du patrimoine, La Découverte, 2025.
Depuis les années 1970, les inégalités de patrimoine ne cessent de se creuser. L’héritage en est en grande partie responsable : un petit nombre hérite aujourd’hui de beaucoup tandis que la majorité hérite de peu. Est-il juste que notre destin soit déterminé par la fortune – ou l’infortune – de nos parents ? Est-il même efficace que la richesse se transmette héréditairement ? Ces questions anciennes sont de nouveau brûlantes d’actualité. De là l’importance de ce livre qui exhume les pensées oubliées de l’héritage, depuis la Révolution française jusqu’à l’orée du XXe siècle. Pensées oubliées mais pensées lumineuses qui posent des questions essentielles. L’héritage va-t-il de soi ? Et, si ce n’est pas le cas, que penser à sa place ? Au XIXe siècle, la question de l’héritage était sur toutes les lèvres. Étudiée, interrogée, contestée, la transmission familiale du patrimoine faisait l’objet de multiples projets de réforme ou de transformation radicale. Certains, à l’instar de Merlin de Douai, de Mirabeau, de Robespierre, d’Agier, de Fichte, des saint-simoniens ou encore de Durkheim, comprirent que cette institution pouvait être retournée contre elle-même. L’héritage, au lieu de propager l’inégalité de génération en génération, ne pourrait-il pas devenir un instrument de justice sociale ? Grâce à cette passionnante enquête philosophique, Mélanie Plouviez nous invite à tirer pour aujourd’hui les leçons de ces réflexions ensevelies. Car il est urgent, insiste-t-elle, de repenser l’articulation entre la propriété privée et l’intérêt général.

- Servane Mouton, Écrans, un désastre sanitaire. Il est encore temps d’agir, Tracts Gallimard, 2025

« Nous appelons de nos vœux la prise de conscience de ce désastre sanitaire qui s’annonce et déjà se constate. Il n’est pas trop tard, mais il est plus que temps. ». Comment sortir de l’hypnose ? Le fait est pourtant sous nos yeux. Il est en premier lieu sanitaire : l’effet délétère des écrans sur notre santé physique et psychique, et en particulier sur celle des enfants et adolescents, ces êtres de chair et d’esprit en formation ; mais aussi sur le développement neurologique et socio-émotionnel, nos relations inter-individuelles, notre lien à la vérité et la libre formation de nos opinions. Il est plus que temps d’évaluer le bénéfice de la révolution numérique – les réseaux sociaux et, aujourd’hui, l’IA qui tient sommet – à l’aune de ses « externalités négatives », tant individuelles que sociales et environnementales. Sait-on ce que nous coûte vraiment cette prodigieuse quête technologique, à dominante hégémonique, et ce que nous pourrions y perdre ? Savoir est nécessaire pour bien agir ; et la loyauté de l’information est l’un des principes fondateurs du serment d’Hippocrate.
- Arnaud Saint-Martin, Les astrocapitalistes .Toujours plus loin : conquérir, coloniser, exploiter, Payot, 2025
Colonisation de Mars, exploitation minière d’astéroïdes, astrotourisme : quand vient le temps de parler de l’aventure spatiale, la machine à fantasmes s’emballe. L’espace n’a jamais semblé aussi poche… du moins pour une poignée de privilégiés. Là, à portée de dollars, un nouveau marché à conquérir s’ouvrirait : le « New Space ». Derrière cette appellation, rêves et promesses se financent aujourd’hui à coup de milliards, par des fonds publics comme privés. Dans cette enquête sur les moteurs et les impasses de l’astrocapitalisme se dessine une industrie ayant tourné le dos à l’idéal du progrès scientifique et technologique pour se concentrer sur celui du capital et de quelques entreprises bien décidées à accaparer l’espace pour l’appât du gain.

- Quinn Slobodian, Le Capitalisme de l’apocalypse – Ou le rêve d’un monde sans démocratie, Seuil, 2025

Quinn Slobodian est spécialiste de l’histoire du néo-libéralisme et professeur d’histoire économique et politique globale à l’Université de Boston. Il a notamment publié Les Globalistes. Une histoire intellectuelle du néolibéralisme (Seuil, 2022). Si l’on jette un rapide coup d’œil à un planisphère, nous ne verrons qu’un patchwork d’États-nations, net et bien connu. Et si notre réalité était toute autre ? La mondialisation a bouleversé l’ordre du monde, entraînant un foisonnement de nouvelles entités : paradis fiscaux, ports francs, cités-États, enclaves fermées et zones économiques spéciales. Ces nouveaux espaces, libérés des formes ordinaires de réglementation, de taxation et d’obligations mutuelles, perforent la carte des pays. Là, les fanatiques de l’ultra-capitalisme échappent au pouvoir des gouvernements et au contrôle démocratique. C’est ce monde, composé de trous, d’aspérités et de zones grises que Quinn Slobodian décrit, se lançant sur les traces des libertariens radicaux les plus notoires – de Milton Friedman à Peter Thiel et Elon Musk. Cette enquête magistrale nous mène du Hong Kong des années 1970 à l’Afrique du Sud à la fin de l’apartheid, du Sud des États-Unis à la ville de Londres, de Dubaï à la Somalie en guerre, et jusque dans le métavers, révélant de manière vertigineuse les progrès terrifiants du capitalisme sans la démocratie. Le Capitalisme de l’apocalypse nous offre une histoire inédite des dernières décennies et une vision alarmante de notre futur proche.
- Christophe Nijdam, Le Petit livre de la finance en 5 minutes par jour, First, 2025.
Cash-flow, effet de levier, IPO, DeFi : vous êtes perdu dans tous ces termes de la finance d’entreprise et de marché ? Ce petit livre est le guide idéal pour démystifier le monde complexe de la finance. En quelques minutes par jour, explorez les principes et les stratégies de la finance d’entreprise, plongez dans l’univers de la finance de marché, familiarisez-vous avec les innovations de la finance numérique, et comprenez les enjeux de la finance durable. Concis et pratique, ce livre vous permettra d’acquérir des connaissances financières essentielles, quel que soit votre niveau de départ !

- Annabelle Allouch et Delphine Espagno-Abadie, Contester Parcoursup, Sociologie d’une plainte, Presses de Sciences Po, 2024

À partir d’une enquête entre sciences sociales et droit sur l’inscription en première année de licence, en master ou au concours de médecine, cet ouvrage s’intéresse aux effets des nouveaux modes de sélection sur les candidats, leurs proches mais aussi sur les institutions du supérieur elles-mêmes. « En attente », « Oui », « Oui si », « Non admis ». Depuis 2018, les décisions produites par les plateformes d’accès à l’enseignement supérieur, Parcoursup puis Monmaster, génèrent anxiété et incertitude chez les élèves et leur famille, supplantant la crainte de ne pas obtenir le baccalauréat. L’émotion est telle que certains vont jusqu’à contester le verdict scolaire qui leur est opposé. Mais qu’expriment ses plaintes ? À partir d’une enquête entre sciences sociales et droit sur l’inscription en première année de licence, en master ou au concours de médecine, cet ouvrage s’intéresse aux effets des nouveaux modes de sélection sur les candidats, leurs proches mais aussi sur les institutions du supérieur elles-mêmes. La démarche des « usagers contestataires », souvent issus de la classe moyenne, auprès des universités, des avocats et des juges révèlent les attentes et les aspirations des familles, la place que celles-ci accordent à l’enseignement supérieur dans leur construction sociale et l’importance qu’elles donnent à la notion de mérite.
- Fabien Truong et Gérôme Truc, Grands ensemble. Violence, solidarité et ressentiment dans les quartiers populaires, La Découverte – L’envers des faits, 2025
Un livre de plus sur la banlieue ? Pour dénoncer son » communautarisme » et son » séparatisme » ? Pour célébrer sa » diversité » et son » dynamisme » ? Non. À rebours des clichés, une enquête patiente menée pendant dix ans par Fabien Truong et Gérôme Truc dans la foulée des attentats de 2015, à Grigny, ville » la plus pauvre de France » – qui est aussi celle du » terroriste de l’Hyper Cacher « .
Au plus près des personnes et des faits, Grands ensemble éclaire d’un nouveau jour le rapport des quartiers populaires aux attentats islamistes et, de là, la vie ordinaire de leurs habitantes et habitants, à l’épreuve des violences qui pèsent structurellement sur leur quotidien : celles des trafics et de la police, mais aussi de l’exploitation, de la pauvreté, du racisme, du virilisme et de la stigmatisation. À l’épreuve aussi des blessures intimes et des combats communs.
Comment tient-on dans ces conditions ? Qu’induit le fait de vivre en se sachant scruté par les médias, pointé du doigt quand un voisin bascule dans le terrorisme ? Pourquoi les conditions de vie dans ces quartiers ne cessent-elles de se dégrader, alors qu’une large part de leur population parvient à trouver sa place dans la société ?
Les réponses apportées ici épousent le rythme et les contours de multiples trajectoires entrecroisées. Des vies qui rappellent que la pauvreté et la marginalisation engendrent solidarités mais aussi rivalités, pavant la voie à un rapport au monde où le ressentiment coexiste avec l’espoir et la joie.
